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Dans la cour d'école

Violences passées sous silence

Les sentinelles du projet Unité sans violence

Préoccupé par la violence à l'école, Jean-François Bolduc a mis sur pied le projet Unité sans violence à l'école primaire Jean-XXIII
Préoccupé par la violence à l'école, Jean-François Bolduc a mis sur pied le projet Unité sans violence à l'école primaire Jean-XXIII

Jean-François Bolduc a connu le taxage et l’intimidation lors de son passage au secondaire. Fréquentée par des élèves issus en bonne partie de milieux défavorisés, son école ne pouvait compter sur l’aide que d’un intervenant, à raison d’une seule journée par deux semaines. «Il y avait fréquemment des bagarres, fait valoir Jean-François. Mais surtout, il n’y avait aucun encadrement. Même les enseignants avaient peur. Encore aujourd’hui, les enseignants ont peur.»

Fraîchement diplômé du programme de techniques policières au Cégep de Sherbrooke, Jean-François Bolduc souhaite que les jeunes puissent se prémunir contre la violence dans leur école. Soutenu par Liette Picard, enseignante du programme de techni­ques policières, son désir a donné naissance au programme Unité sans violence, exprimez-vous! Implanté en 2006 dans quelques classes de 6e année primaire de quelques écoles de la région de Sherbrooke et de Québec, le programme vise à sensibiliser les élèves à toutes les manifestations de violence. Un policier présente les différents comportements violents qu’on retrouve à l’école. Ensuite, une fois par semaine, les jeunes impliqués portent un chandail aux couleurs du programme, au dos duquel ils inscrivent les comportements qu’ils désapprouvent et refusent de tolérer. «Les élèves de 6e année sont les plus vieux de l’école, explique Jean-François. On leur a donné le rôle de sentinelles pour qu’ils veillent sur les plus jeunes et dénoncent les actes dont ils étaient témoins.» Jacinthe Labonté, une collègue étudiante de Jean-François, a également prêté main forte à la création du programme.

Lise Blais est une des enseignantes qui a permis l’expérience dans sa classe de l’école primaire Jean XXIII. Sur 23 élèves, 19 étaient des garçons. «J’ai vu la différence, affirme-t-elle, les enfants ont maintenant le réflexe de se mettre dans la peau des autres. Ils font preuve de plus d’empathie, ils se protègent entre eux.» Jean-François Bolduc estime quant à lui que 50 % des élèves sont intervenus auprès de leurs camarades agresseurs ou victimes.

Issu d’un milieu familial où les problèmes de comportement de ses frères et sœurs se transformaient parfois en gestes criminels, Jean-François croit qu’il faut cibler particulièrement les élèves de 6e année. «Le passage au niveau secondaire implique de nouvelles réalités et nous place devant des choix de vie qui peuvent avoir des conséquences décisives sur l’avenir. Il faut sensibiliser les jeunes de 6e année aux effets que peuvent avoir leurs comportements, non seulement sur les autres mais aussi sur leur propre bien-être. Tout se joue à cet âge.»

Financé par Info-Crime, le projet Unité sans violence, exprimez-vous! semble faire boule de neige : d’autres écoles de l’Estrie et de Montréal désirent implanter le programme. Le Service de police de la Ville de Montréal est lui aussi intéressé à l’expérimenter sur son territoire.